Issa Kobayashi ( 1763 - 1827 )
Tuant une mouche

j'ai blessé

une fleur

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Grimpe en douceur

petit escargot -

tu es sur le Fuji !

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Ce matin c'est l'automne -

à dire ces mots

je me sens vieillir

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Le loup !

rien qu'à voir ses crottes

on tremble de froid.

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Ah magnificience !

par un trou dans la porte

la Voie Lactée
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A m'apercevoir

se fait une tête contrariée

la grenouille
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Les cigales crient

même

quand elles baisent
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L'enfant essaie

de garder des gouttes de rosée

entre le pouce et l'index
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Ne possédant rien

comme mon coeur est léger

comme l'air est frais
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Homme qui ne sait mourir

vont-elles encore me juger

fleurs de cerisier
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Et par dessus-moi

un jour viendront à s'ouvrir

fleurs dedans la mousse
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Selon ta façon

puisse-tu entrer dans les cieux

colimaçon
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A ta mort un jour

prépare-toi, prépare-toi

disent les cerisiers
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Pas une mince affaire

que d'être né homme

crépuscule d'automne
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Le corbeau

marche, on dirait

qu'il laboure.
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Les montagnes lointaines

dans les prunelles

de la libellule
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Le vent du printemps découvre

les fesses

du couvreur
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Même mon ombre est

en pleine forme

Premier matin de printemps
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Au premier de l'an

sortent mes orteils des trous

des chausettes où suis
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Première neige

un sacré trésor

ce vieux pot de chambre
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Le Bouddha sur la lande

au bout de son nez

un glaçon.

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le gros matou

dort comme une masse

sur l'éventail

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sortant de l'obscurité

pour pénétrer dans l'obscurité

les chats en chaleur

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au cours de ses amours

le chat d'un autre lieu

il est devenu

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sous le prunier rouge

mis à sécher

le chaton toiletté

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la mère du moineau

lui réclamant son enfant

poursuit le chat

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un chat errant

sur les genoux d'un Bouddha

dort

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