Poésies par MUM Sam-An (c)



Les mots

Il y a les mots simples,
Les mots que l'on apprenait,
Que l'on entendait, que l'on imitait,
Les mots articulés.

Et il y a les mots rebelles,
Les mots avec des ailes,
Que l'on écrivait, que l'on forgeait,
Les mots symbolisés.

Ces mots mûris,
Ces mots fleuris,
Que l'on inventait, que l'on imageait,
Ces mots inédits.

Les mots tortueux,
Les mots soucieux,
Que l'on apposait, que l'on emplumait,
Ces mots si douloureux.

Et les mots nus,
Les mots qui suent,
Que l'on criait, que l'on assassinait,
Des mots qui tuent.

Et il y a des mots
Qui restent,
Des mots de tendresse,
Des mots de sagesse.

Et il y a des mots
Qui nous enchaînent,
Des mots de haine,
Des mots de peine.

Des mots bavards,
Des mots phare,
Des mots sans hasard,
Des mots bizarres.

Les mots ignares,
Les mots avares,
Les mots conards,
Les mots bâtards.

Et il y a des mots,
Des mots faisaient couler du sang,
Des mots de violence,
Des maux en conséquence.

Et il y a encore
Les mots,
des mots
Et ces maux-là !

par MUM Sam-An (c)


Les idées

Quand l'argent se met à chanter
La musique se tait
Quand le casino s'installe au Palais
La culture disparaît
Si les idées peuvent construire la vie
Les mots, eux, peuvent la détruire aussi

par MUM Sam-An (c)


La fin

Comme si le monde ne savait plus quoi dire
Le soleil ne se levait plus
Ni aujourd'hui ni demain
C'est pire

Comme si le peuple ne savait plus comment rire
Le vent ne soufflait plus
Ni le jour ni la nuit
C'est dommage

Comme si le Jeune ne savait plus comment agir
Le sommeil ne revenait plus
Ni passé ni avenir
C'est grave

Comme si le monde ne savait plus réfléchir
La pluie ne tombait plus
Ni poésie ni philosophie
C'est pire

Comme si le peuple ne savait plus à qui se tenir
L'arbre ne poussait plus
Ni idéologie ni racine
C'est dommage

Comme si le Jeune ne savait plus comment jouir
La vie ne méritait plus une vie
Ni imagination ni plaisir
C'est grave

Comme si la philosophie et la poésie mendiaient
Ni passé ni avenir ni poésie ni philosophie
Ni plaisir ni imagination ni racine ni idéologie
C'est la fin d'une épopée

par MUM Sam-An (c)


L'ombre

Fissure de mémoire,
Les souvenirs dans la nuit s'étalent.
L'image surgit de l'odeur de moisissure,
Pèse sur moi la chute d'une peur profane.

Les battements des ailes impuissantes,
Je hurle! La bête en moi se réveille.
L'écho s'envole.
Je me lève et tends mes oreilles.

Instinct animal
Flaire l'arôme de liberté.
Nostalgie fouette alors
Le coeur sans pitié:
S'écroule calmement la fuite de mon identité.

L'espoir l'amour de l'humanité
Entre nous se tissent
Les liens de sang invisibles.
Fraternité des humains
a des moments torrides.

Trop pénible pour l'Homme
De vivre seul son identité!

par MUM Sam-An (c)


Le vagabond

Partir avec son coeur naïf et curieux
Pour voir ce qui se passe ailleurs
Pour voir de quelle couleur se peint le bout du monde
Pour savoir où se terminent les lointains horizons

Partir avec ses pieds nus et ses mains vides
Pour découvrir la vie et ses grands mystères
Partir pour revenir avec son esprit limpide
Pour mieux comprendre ses petites misères

Partir pour rencontrer les gens au bout de la Terre
Pour serrer les mains des Hommes de l'autre bord de la mer
Partir pour revenir un jour ne plus être jamais pareil
Plus jamais pareil dans les rêves de son sommeil
Partir pour tisser des liens invisibles

Pour surmonter les limites invincibles
Pour déchirer le voile de la brume
Pour tracer avec sa plume
une amitié à travers les écumes

par MUM Sam-An (c)