Issa Kobayashi ( 1763 - 1827 )
dans le champ près du portail
agaçant le chat
les feuilles mortes
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le soir tombe
l'épouvantail et moi
juste nous deux
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On lui demande son âge
Elle montre une main
Elle est vêtue d'été
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nuit de givre
gratte la fenêtre en miaulant
le chat mis à la porte
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j'ai emprunté ma chaumière
aux puces et aux moustiques
et j'ai dormi
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les montagnes lointaines
dans les prunelles
de la libellule
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L'escargot n'accorde
pas un regard
à l'oeillet
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un bouddha dans la lande
au bout de son nez
une stalactite
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l'eau de la montagne
broie le riz
je fais la sieste
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seul
prenant mon repas
le vent d'automne
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Le trésor d'enfant
Rit aux éclats
Feu de bois
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Sous un arbre décoré
De boules de riz gluant
L'enfant bat des mains

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A l'homme qui dit
Que les gosses l'ennuient
Les fleurs aussi ne sont rien

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Averse de printemps
Un enfant passe la main
Par le portail de paille

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Averse d'un soir d'hiver
Une biche pleure
Son faon perdu

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Un taon d'automne tardif
Soudain dans un vieux puits
Se glisse à la dérobée

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Biche blessée d'une flèche
Il tête encore sa mère
Le faon hélas

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Deux ou trois fois
Elle nargue les humains
Elle s'enfuit la libellule

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Brume du soir
Le cheval se souvient
De l'ornière du pont

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Brise automnale
A pied elle fuit
La luciole

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Le pic-vert a cessé
De tambouriner l'arbre pour écouter
Petit tambourin du soir

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Temple de montagne Il cherche
La biche de son coeur
Il brame le cerf

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Les alouettes des monts
Décrivent des cercles
Et passent

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Lanternes pendues
Aux branches des pins
Le soir Pierre à laver

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Les jeunes cerfs
Se lèchent entre eux
Gelées matinales

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Vent glacial
Un serviteur rentre
Pont de la froidure

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Purification dans l'eau glacée
Les hommes exhibent
Leurs dos tatoués

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Un prunier
Porte sur son dos
Des boîtes d'amulettes

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Ce monde de rosée
est un monde de rosée
pourtant et pourtant

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La neige fondant
le village tout entier
s’est rempli d’enfants

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Papillon voltige
dans un monde
sans espoir

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Papillon qui bats des ailes
je suis comme toi -
poussière d'être !

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Puisqu'il le faut
entraînons-nous à mourir
à l'ombre des fleurs

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Rien qui m'appartienne -
sinon la paix du coeur
et la fraîcheur de l'air

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Foudre et tonnerre !
à chaque éclair
le monde guérit

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